Svelte et bien dessiné, Cooper est un esthète. Il aime son corps et en prend donc bien soin. Grand d’un mètre quatre-vingt-cinq pour soixante-dix-sept kilos, il a ce qu’il faut là où il faut.  

Cooper a une bonne gueule. Le problème, c’est qu’il le sait, qu’il en tire toute sa confiance en lui et qu’il en joue. Ses lèvres sont plutôt charnues et sa mâchoire est légèrement carrée. La couleur de ses iris est un savant de mélange de marron et de vert, le tout tirant toutefois sur des tons clairs. Sa voix est grave et porte bien.
Ses cheveux, qu’il s’applique à coiffer chaque matin, sont châtains. En fonction de la saison, ils sont plus ou moins foncés.

S’il est contraint de porter l’éternel costard-cravate quand il va bosser, Cooper est beaucoup plus relax le reste du temps. Jeans, sneakers, tee-shirts aux motifs aussi improbables que colorés … Même vestimentairement parlant, il reste un grand enfant.

La première chose qu’il y à dire sur Cooper, c’est que c’est un adulescent. Bien que la trentaine approche, il reste incapable de prendre ses responsabilités et de se détacher de l’insouciance qui l’a toujours caractérisé. Pas complètement immature pour autant, le jeune homme essaie de faire des efforts, de se forcer à se comporter comme son âge le lui imposerait. Mais rien n’y fait : il trouve cela trop chiant d’être trentenaire, de s’imaginer parler « enfants et avenir » avec une fille avec laquelle il devrait rester plus de trois semaines ou de s’investir dans toutes ces conneries que le jeu social impose aux adultes de faire.

Cooper déteste qu’on le contraigne, qu’on l’empêche de faire ce dont il a envie. Pour lui, croquer la vie à pleine dent est synonyme d’excès. C'est un impulsif qui ne s'accorde jamais le temps de la réflexion. Il ne se refuse rien, fait qu’il veut quand il le veut. C’est un bon vivant qui sort plus que de raison, et qui boit dans les mêmes proportions. Hypersocial, c’est un baratineur, un dragueur. En soirée, il s’invente mille vies et se rend auteur de mille exploits. Cooper est souriant et charismatique, enthousiaste et sympathique. Il a toujours le mot pour rire, et finalement, c’est un peu l’ami de tout le monde – et, paradoxalement, l’ami de personne.

S’il n’est pas toujours franc ou sincère avec les autres, c’est pourtant vis-à-vis de lui-même que Cooper est le moins honnête. Trop fier de lui et imbu de sa personne, il préfère fermer les yeux sur sa condition plutôt que d’admettre qu’il mène une vie minable. Il déteste son job et les gens qui l’entourent et se trouve être très seul dans la vie. Car quoi qu’il dise, les liens qui l’unissent à ses amis de beuverie ne sont pas très épais et une fois que la fête est terminée, c’est toujours seul qu’il se réveille. Cette carapace qu’il s’est forgé et ce refus d’envisager l’avenir sont deux choses qui, un jour ou l’autre, lui poseront de vrais problèmes. Bien qu’il arrive encore à profiter de cette vie nomade qui est la sienne, le retour de flamme promet d’être sans appel. Reste à savoir si le moment venu, Cooper saura faire face à ses contradictions.

En sa qualité de fils unique, Cooper a toujours reçu beaucoup d’attention de la part de ses parents. Beaucoup trop. Ayant eu des difficultés à en avoir un durant de longues années, ils ont accueilli leur fils comme un messie. Surprotégé et pourri-gâté, Cooper était prédisposé à développer un amour-propre bien au-delà de la moyenne.

Son enfance fut plutôt heureuse. A l’école comme chez lui, Cooper voulait toujours être le roi ou le petit chef. Ses parents cédaient au moindre de ses caprices, et il réussit à s’imposer comme leader auprès de ses camarades d’école assez rapidement. Bon élève sans toutefois être brillant, Cooper était malgré tout présenté comme un enfant prodigue par ses enfants. Et, habitué à être désigné de la sorte, il finit par s’en convaincre. Odieux, voire condescendant, avec les gens de son âge, il ne se fit pas que des amis, et tomba quelque fois sur plus fort que lui. Qu’à cela ne tienne, quelques coups bien placés ne suffisait pas à le faire redescendre du piédestal sur lequel il s’était logé.

Adolescent, Cooper devint également coureur de jupons et briseur de cœurs. A quinze ans déjà, l’idée de s’engager l’effrayait, et le taux de turn-over dans ses amis était étonnamment élevé.

Avec l’âge de la majorité vint le temps des choix, et sans trop savoir pourquoi, Cooper s’engagea dans des études de comptabilité. Cela ne lui correspondait pas, mais c’était la voie que son père avait suivi par le passé, et il savait que ses parents seraient ravis qu’il épouse la même carrière. C’était bien rémunéré, donc le jeune homme se laissa prendre au jeu. De toute façon, Cooper était incapable de penser à l’après, d’envisager son avenir ; pas une seule seconde il ne se rendit compte que le choix d’une profession était quelque chose d’aussi engageant que ça, et que cela allait le suivre tout au long de sa vie. Tout ce qui l’intéressait, c’était de pouvoir continuer à sortir, à vivre de manière « fun ». A draguer en boîte, à boire dans des bars et à faire toutes ces petites choses qui lui procuraient un plaisir instantané mais aucune satisfaction sur le long terme. A agir de la sorte, c’est son avenir et sa capacité à s’épanouir que Cooper laissait se consumer à petit feu.

Le voilà donc âgé de 26 ans, jouissant d’une mauvaise réputation sur son lieu de travail (il n’est pas rare que le matin, il embaume son bureau des effluves d’alcool qui continuent de couler dans son sang), ayant aussi peu d’amis que d’avenir, et fermant les yeux sur tout ça. S’amuser, voilà la seule chose qui semble compter pour Cooper …