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| - T'ar ta gueule à la récré. - (Corll - Maïra) | |
| Sujet: - T'ar ta gueule à la récré. - (Corll - Maïra) Lun 25 Nov - 15:41 | | |
La montre-bracelet digitale, "édition limitée" à l'effigie d'un personnage de comics, affichait 16 : 30.
Du moins quand Corll ne s'amusait pas à la dérégler, pour afficher des inepties en Leet speak. A cette heure-ci, le quartier des études s'animait grandement, la foule était épaisse et dense ; comme il l'aimait à dire vrai. La technologie Edenienne était officiellement faite par le peuple, pour le peuple. Officieusement, elle était conchiée par la populace, pour les intérêts de la firme. L'évolution couvre tous les domaines, surtout celui de la sécurité. L'idée d'être piégé dans les objectifs d'un réseau de surveillance n'avait jamais mis ce marginal à l'aise, et ça avait commencé bien avant son introduction dans les bas-fond de la toile. Bien sûr, l'idée n'était que partiellement ingénieuse pour faire ses emplettes, voir un gars aux allures de prospecteur près de charmants bambins pouvait lever la méfiance, qui sait, des soupçons. Mais placé bien au dessus de ces ombrages de croquemitaine, le zonard d'un après-midi, sirotait son Test-O-steroïd dans un gobelet XXL. Une boisson qui avait la couleur du produit pour les chiottes et le goût d'un de ces anciens médicaments, saturés en sucre. Posté à l'angle d'une ruelle, les fesses collées sur un container, il semblait se perdre dans cette marée humaine. En réalité, il ne regardait rien en particulier, il réfléchissait activement à ses projets. Il y eu cependant un morveux pour venir rompre le fil de ses pensées. Un premier de la classe, pédant à l'oeil. Un blondinet bien peigné, le pantalon remonté jusqu'au nombril et le col enfoncé dans la gorge.
Constatant que le lardon s'était figé devant lui, comme un agaçant nuisible posé sur un écran, le Margoulin fut bien forcé de le toiser. Dans le brouhaha, il entendit seulement quelques bourdonnement indistincts … Putain de mouche ! Comme il l'aurait fait pour un insecte, il chassa la demi-portion d'un revers de main. Pourtant l'enfant persista, miaulant jusqu'à couvrir le caquet de la foule. Bien forcé de décoder le babil baveux du casse-pieds en culotte courte, Corll tendit l'oreille. D'une voix fluette, le nabot qui s'ennuyait, et l'ennuyait par la même occasion, l'interrogea :
" Vous attendez qui m'sieur ? "
Sérieusement ? Il avait entendu le glas de la libération sonner dix minutes auparavant et il consumait son temps libre à faire du bénévolat pour sa "crèche" ? Si les gosses aussi se mettaient à collaborer, le futur ne présageait rien de bon tiens. Il se pencha alors vers le mini-inquisiteur, qu'il gratifia d'un large sourire, croassant :
" Un têtard, comme toi à dire vrai. Il a une tête de poire, il est bien brossé et il s'habille comme un tueur en série. On m'a chargé de le punir en lui enfonçant sa lunchbox au fond de la gorge. Entre nous il parait qu'il pose trop de questions … "
Les yeux écarquillés et la face empourprée, le mioche recula de deux pas, comme si le haut gringalet face à lui s'était transformé en tigre. Il ne daigna rompre le contact visuel que pour prendre la poudre d'escampette, ce qui bien sûr, fit ricaner le bourreau d'enfants. Le problème, avec les chiards, c'est qu'ils sont pire que des loyalistes de l'Eden corp, ce sont des véritables chiens. Bien sûr ils jappent et on ne les comprends pas, ils bavent et font caca partout, mais par dessus tout, ils sont fidèles à leur maîtres.
Le traine savate pouvait bien téter sa paille avec insouciance, il allait avoir un maigre répit avant que ne lui revienne en mémoire que les premiers de la classe sont des rapporteurs. |
| | | | Sujet: Re: - T'ar ta gueule à la récré. - (Corll - Maïra) Jeu 5 Déc - 23:31 | | |
16h30 Heure fatidique, surtout dans une classe de petite section de maternelle. Jamais cinq minutes ne peuvent être plus fatidiques dans une journée, à moins de travailler en constant contact avec des explosifs ou autres produits dangereux. Pourquoi cinq ? Parce que déjà trois peuvent suffire à un petit bout de chou haut comme trois pommes pour se mettre à pleurer silencieusement parce que sa maman –ou plus fréquent, son père- est en retard. Passé ces trois minutes, la phase deux s’enclenche, la réflexion commence à se faire doucement. Maman m’aurait-elle abandonné ? Est-ce que je vais devoir passer la nuit tout seul dans l’école, dans le noir ? Jusqu’à parvenir à la phase trois : le cri de détresse. Et la chose fabuleuse avec cette alarme, c’est qu’elle se communique de façon plus contagieuse qu’un fou rire particulièrement ridicule, même sur les enfants les plus paisibles. Si Maïra avait couru débordante de joie des années durant jusque dans les bras de son père quand il venait la chercher à l’école, maintenant qu’elle était de l’autre côté du bureau, ce moment devenait une angoisse. Surtout sur la première moitié de l’année scolaire.
Cependant, les fêtes de fin d’année la sauvaient en partie d’un tel naufrage. Le grand sujet de conversation du moment était les cadeaux de Noël, ce qu’on avait demandé au Père Noël, si on avait bien écrit sa lettre, avec qui, si on avait été sage pendant l’année… Un véritable bonheur pour les faire patienter, un calvaire pour les garder concentrés. Heureusement, il y avait suffisamment d’activités autour du thème de Noël pour occuper deux mois entiers, même si un mois suffisait amplement. Si elle comprenait la nécessité pour des enfants d’entretenir ce mythe, ce côté magique qui les faisait rêver tout l’hiver durant, Maïni n’avait jamais eu de grands espoirs vis-à-vis de ce gros bonhomme en costume rouge. Ce n’était pas là la manifestation d’une singularité de caractère mais plus une question de tradition. Dans un souci de transparence toute professionnelle, elle entretenait la légende du plus grand ami des enfants qui, s’il était réel, serait déjà derrière les barreaux depuis des décennies pour pédophilie… Ou pour exploitation avec circonstances aggravantes de personnes de petite taille !
La jeune femme aidait son aide maternelle dans le couloir à passer les petits manteaux, bonnets et autres cache-oreilles à ses chers petits élèves, avançant en canon des arguments sur le pourquoi du comment il fallait sortir aussi emmitouflés que des trappeurs du Grand Nord. La plupart se laissait faire, plutôt résignée en fin de journée et surtout pressée de rentrer pour avoir leur goûter ! L’avantage des enfants de trois à quatre ans, c’est qu’ils étaient encore relativement dociles quand il ne s’agissait pas d’obéir à papa-maman. Après dix longues minutes, ils étaient tous prêts à rentrer chez eux main dans la main avec la personne qui viendrait les chercher, piaillant encore joyeusement d’un sujet à l’autre dans une conversation qui paraissait n’avoir parfois ni queue ni tête. Quand les enfants ont quelque chose à dire, ils le disent, quel que soit le moment ou la situation. Tandis qu’elle allait elle-même passer son manteau pour sortir surveiller la sortie, des pleurnichements attirèrent son attention. Maïra jeta un regard circulaire à sa classe, aucun des siens, pourtant les plus petits, n’était en train de chouiner. Elle comprit que les ennuis arrivaient quand elle vit l’une de ses collègues parcourir le couloir à grands pas, tenant par la main son fils récemment passé en école primaire qui pleurait à gros bouillon. La jeune femme soupira. Elle connaissait suffisamment le phénomène pour savoir que cette chose –qui tenait plus du chien savant que de l’enfant en cours préparatoire, merci maman !- avait la fâcheuse manie de fouiner partout où il ne fallait pas et de s’attirer des ennuis… y compris des coups de poings d’autres élèves ! Le seul ennui avec Gontran –car oui, en plus d’en faire un assisté avec un cerveau comme une pastèque, plein d’informations mais sans deux sous de jugeote, elle avait affublé son enfant d’un prénom tout à fait de son époque- c’était qu’on ne pouvait pas vraiment le punir car sa mère, en parfaite madame-je-sais-tout-parce-que-je-suis-maitresse-d’école, estimait que son petit chéri ne faisait jamais une erreur, de quelque ordre que ce soit. Bref, elle avait transformé la passation de son fils entre autres enseignants en véritable malédiction qui les faisait trembler à chaque fois qu’ils lui adressaient la parole pour lui faire un reproche. Non contente d’être arrivée trop tard pour l’avoir eu dans sa classe, Maïni savait cependant qu’elle n’allait pas couper au récit du problème par Mère-Poule, avec exagérations et scandales en option.
Dans l’incapacité totale d’y échapper, elle laissa la déferlante s’arrêter près d’elle et déballer son scandale intensivement préparé et amplifié. Après être rapidement passé sur le fait que son fils se soit fait la malle sous ses yeux pour sortir de l’école avant sa chère autorité suprême adorée et être allé parler à un inconnu plutôt louche, elle s’attarda longuement sur l’individu en question que, soulignons-le, elle n’avait jamais vu dans toute l’histoire. Grand, géant, très maigre avec un long manteau : ça sentait le pédophile à plein nez !
« Tu imagines si c’est un pervers qui rôde dans le quartier pour enlever des enfants ? Et il a menacé Gontran de le torturer ! Je t’assure ! Il l’a menacé de l’étouffer avec sa boite à repas ! » Maïra qui jusque-là écoutait d’une oreille distraite en hochant la tête à chaque phrase manqua d’éclater de rire… et de s’étouffer en le retenant, par la même occasion ! Un pervers qui menaçait un enfant avec un lunchbox ? Il y avait plus de chance, si pédophile dans les parages il y avait, pour qu’il propose des bonbons à la place d’une mort certaine et brutale. Si on veut attraper des enfants, le mieux c’est encore de ne pas les faire courir, sinon ça fait désordre. S’empêchant un sourire hilare, elle prit un air détaché et termina de s’habiller pour sortir. « Je vais jeter un coup d’œil voir si le pervers est toujours là, c’est sur mon chemin. Mais je ne me fais pas trop de souci, ce doit être un étudiant un peu farceur qui ne doit pas aimer les enfants, ça ne doit pas manquer dans le quartier. » Erreur tactique. « Et s’il est toujours là ? Imagine qu’il soit armé, ou je ne sais quoi ? Ou que ce soit un détraqué qui veuille s’en prendre aux enfants ? » Un long soupir intérieur n’anima pas sa poitrine, mais elle n’en pensait pas moins. L’ironie la prenant à la gorge et l’envie de rentrer chez elle la pressant, la jeune femme arbora un sourire en coin et lança en attrapant son sac d’un geste vif : « Entre ma petite taille et mon cartable, je serai assez vite au courant s’il y a un taré de ce genre dans le coin ! Allez, n’y pense plus. A demain. »
Après de nouveaux obstacles rapidement évités par des sourires polis –il n’était pas encore temps de parler des difficultés à faire des bâtons et des ronds parfaits au feutre de leurs chères petits anges- et des petits pas pressés, Maïni put enfin atteindre la rue. La fraicheur la saisit immédiatement. Elle glissa ses mains dans ses poches par réflexes, puis ressassant ce qui s’était passé tout au long de la journée, elle se dit qu’un léger détour par la fameuse ruelle ne causerait aucun tort au bon déroulement du reste de sa soirée, et après tout, la marche, c’est bon pour la santé ! En seulement quelques minutes, elle fut aux abords de l’angle où l’immonde crime de lèse-majesté envers sa Seigneurie Gontran, dit le Casse-pieds (à défaut de posséder autre chose), et ralentit légèrement. Y aurait-il seulement quelqu’un à cet endroit ?
Une seconde d’hésitation, puis elle dépassa l’ouverture d’un pas, jetant un coup d’œil il fallait l’avouer assez peu discret et puis…
« Non ? C’est vous le bourreau d’enfants ? » Cette fois, les éclats de rire montèrent tout seul. Grand, maigre, un long manteau, tout y était. Mais il était bien loin du portrait du monstre sanguinaire et en quête de chair fraiche qu’on lui avait dressé un peu plus tôt. Ayant du mal à contenir ce qui semblait parvenir tout seul, elle prit une respiration, mettant ce comportement assez déplacé sur le compte des nerfs qui se relâchaient.
« Excusez-moi, je n’ai rien contre vous, ne le prenez pas mal. C’est que… C’est que je m’attendais presque à une bête sanguinaire assoiffée de sang. »
L’enseignante se redressa légèrement afin de se montrer plus respectueuse envers son infortuné interlocuteur, un sourire avenant aux lèvres, toujours amusée par la situation et les vitupérations injustes et infondées de sa chère collègue. « En tous les cas, vous devriez faire attention à ce que vous dites aux enfants, ils sont bien plus impressionnables que vous ne l’aviez espéré. Certains parents vous aurez déjà éclaté le nez pour moins que ça. » |
| Maïra-Maïni Shalindrak Prêtre des ténèbres
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