Le prolifique parasite du globe Edenien n'est pas de ces hiératiques addicts de la Caps, de ces dépôts sociaux boursoufflés par l'obésité morbide ou une acnée galopante. Il n'est pas non plus de ces icônes corrompues par l'Eden, les beaux étrons asexués produits par la grande firme.
A bien y repenser, ce n'est même pas un type, juste un gars hors norme, un élément qu'aucun tableau ne saurait classifier.
C'est un épouvantail dégingandé qui feint la candeur à la perfection, celle d'un teenager attardé ou d'un mignon insurgé. On le prendrait volontiers pour un de ces hippies foireux, persuadés que les gouvernements tremblent des genoux en entendant quelques slogans surannés. Le pas trainant, la mine tarie et l'air de ne pas y toucher, on ne soupçonnerait pas l'indolent capable de polluer l'atmosphère de la grande Boule à neige.
Pourquoi ? Parce qu'il entretient cette conviction, il alimente la chimère.

Fluet , engoncé dans quelques frusques élimées, porté par des péniches coquées, Corll, semble faire fit des codes vestimentaires et courants. D'allure, intemporel, il souligne un évident nihilisme. Il n'attise pas l'intérêt, il n'éveille pas grand chose à dire vrai, il se fond dans la masse et prête à ses "semblables", une attention toute aussi relative.
Mal rasé, peigné au doigt et résolument négligé sur bien des aspects, il revêt à merveille la cape de l'ermite.
Ironiquement, les défroques d'un ascète dans une société envahissante, omniprésente, une métropole dont-il est, comme tous, le captif.

Sur un cou de coq, trône sa trogne anguleuse … Pas de quoi faire déborder les gourdes, en somme.
Privé de lumière régulière, ce résident et résidu de Bunker a le teint terne, plus que malingre, il semble maladif. Si ne luisait pas l'éclat d'une malice aussi habile que matoise dans ses iris noirs, entamés par des paupières tombantes, on le soupçonnerait bien d'être un androïde. D'un naturel atone, il ne lâche rien, au mieux cèdera-t-il quelques rictus sardoniques pour marquer l'emphase après un vitriolage aussi gratuit qu'impétueux. C'est sans doute à cette fâcheuse manie qu'il doit le port d'un tarin bosselé, presque épaté. Il ne fait pas non plus cas de ses oreilles sensiblement décollées, puisqu'il les a généreusement dardées d'inox. Vous l'aurez donc noté, au pays des cover-girls et des playboys, Disham est un mannequin de crash-test. Il n'est pas policé et mignon, pour une fois, fiez vous donc à l'habit !

Si l'esprit était un programme crypté, il en faudrait des cracks pour ouvrir l'exe Disham. Pourquoi essayer de l'appréhender si vous n'en avez pas les moyens ? Impératif comparatif ? Si c'est le cas, passez à autre chose, c'est un coup à multiplier les TS. Evaluer votre spiritualité ? Vous vous rendriez compte que vous avez perdu votre âme. Rentabiliser des cours de psycho ? Pensez à la reconversion professionnelle.
Bien sûr, si vous abordez l'empathie, vous êtes invités à vous immoler.

Si on creuse le for intérieur d'un fouille merde, devinez ce qu'on récolte sous ses ongles et sur ses doigts ? Tout à fait, du caca.
Corll est vendu avec le Pack ennuis et vous savez ce qu'on dit là dessus : Ils n'arrivent jamais seuls. L'adopter, c'est malheureusement s'y abonner, à défaut de s'y adonner pour les plus masochistes. Sa présence évoquerait presque celle d'un ancêtre aigri, piégé dans un hospice, mais sans l'odeur rance du choux. Résolument révolté et misanthrope, il passera le plus clair de son temps  à critiquer et satiriser le commun des mortels, non plus par réelle conviction, si ce fut le cas à une époque, mais simplement par désoeuvrement.
Le "pourfendeur de l'humanité" qui sommeillait en lui ne s'est jamais éveillé, il s'est recroquevillé pour pourrir, n'échappant dans son processus de putréfaction, que l'aigre bouquet d'un réalisme cru. On peut supposer qu'il a commencé sa campagne existentielle comme tout à chacun, la fleur au fusil et qu'il a fini par quitter les rangs, progressivement.
Outsider averti, Corll ne ronge pas son frein et réserve le plus gros de son fiel à la Bergerie de l'Eden Corp.

Si l'équilibre ne semble pas de mise, il y a bien des qualités celées en cet apparent looser. Au delà de la simple roublardise, de l'élan combinar, notre Cyber-forban n'hésite pas à se montrer généreux avec les rares personnes qu'il estime. Il lui arrive même de se montrer "accommodant", presque plaisant.
Du moins pour ceux qui ont assimilé le concept de l'amour vache.
Son impudence pourrait devenir de la pertinence qui sait ? Si vous avez deux ronds d'auto dérision ...
Une légende parlerait même de sa capacité à s'investir pour les autres, mais ne vous emballez pas, il ne porte pas l'auréole de saint Jude. Il ira pas barboter dans la merde des baigneurs, sa devise est de toujours rester sur la rive.
Une poignée de main est bien suffisante.

Bref, il est fort à parier que les êtres brisés ou sévèrement atteints, soient les seuls élus capable de comprendre cet esprit frappeur.

L'existence de Corll n'animerait pas un Biopic, au mieux occuperait-elle les pages d'une nouvelle moralisatrice ...
Fruit gâté de l'Eden corp, sous certains aspects, ce fils ingrat est l'engeance d'un D.A autocrate et d'une animatrice monomane, un peu cruche. On pourrait se figurer, aux vues de l'épave, que l'odyssée a été mouvementée et houleuse pour ce garçon, mais en vérité, elle aurait fait baver plus d'un citoyen.
Corll a eu une enfance idyllique, bourrée de joies consuméristes, au giron d'une mère entichée de son enfant Roi. Au viron d'un père élitiste, exalté par le projet de faire de son fils, un "Roi".
L'éternel et prosaïque schéma de l'espoir parental, la réussite par procuration, la notion d'immortalité à travers l'héritage, tout ça … Enfin on en pose des spéculations avec la psychologie de comptoir, hein ?

Le plus intéressant au final, n'a pas été la prime jeunesse du jeune Disham, mais son passage à l'âge con, qu'il n'a jamais véritablement quitté. (Dit-on)
En ce temps pas si immémorial, d'une fraicheur longue durée, l'organisme parasitaire qu'était (est) l'Eden corp, occupait jusqu'à l'intimité de Marcus et Sierra Disham. Elle était si envahissante qu'elle avait agrippé de ses longs bras tentaculaires, l'avenir d'un jeune garçon, plutôt brillant : Cet élément  assigné avant même entretient, à un poste de programmeur.
Bien sûr cet arrangement sordide fut l'élément déclencheur d'une rébellion aussi burlesque que virulente. La suite, vous la devinerez bien aisément.

Le gamin pense gagner la partie une fois qu'il s'émancipe, dans un premier temps, il est simplement "écarté". Confronté à la réalité, à ses responsabilités, on se figure qu'il va devenir un parfait Working man. Grosse erreur de jugement pour la division Disham …
Sur trois longues années, leur cher bambin a allègrement dilapidé leur argent, avec la largesse d'un émir. Alors la phase deux s'enclenche, les vivres sont coupés, les compteurs ne sont plus alimentés et là l'orgueil accouche un monstre.
Corll tel que vous pourriez le connaître aujourd'hui.

Rassurez vous, il vit plutôt bien, peut-être même grâce à vos comptes bancaires. Il est couvert, possède un "Q.G" franchement pas dégueulasse, du matériel informatique si régulièrement renouvelé, que le mot "Obsolète" a été "Delete" de sa mémoire.
Mener une vie de vil cyber-criminel demande cependant une vigilance hors du commun, pour ne pas dire une paranoïa exponentielle. Ses premiers mois de 'cavale', plus que le transformer en théoricien de la conspiration, l'ont amené à s'intéresser de près, aux activités de l'Eden Corp. Ce ne sont peut-être que des contes d'UFO, des platitudes de férus d'astrologie, mais quand on garde un oeil sur la toile, on ne perds aucune fuite. Ces petites incontinences, la grande confrérie a beau les éponger, elles n'échappent pas au casse bonbon qui sur la toile, porte le pseudonyme :  Coquard. (Si si)
Tremblez capitalistes … Il vous a à l'oeil.